Un nouveau dosage des politiques économiques est nécessaire pour faire face aux risques latents, estime la BRI dans son 86e Rapport annuel

Communiqué de presse  | 
26 juin 2016

Il est urgent de rééquilibrer les politiques publiques pour s'orienter vers une expansion plus robuste et durable, et remédier aux vulnérabilités qui se sont accumulées, estime la Banque des Règlements Internationaux (BRI) dans son 86e Rapport annuel. La BRI plaide aussi en faveur d'un renforcement du rôle des politiques prudentielles, budgétaires et structurelles.

« Le monde a besoin de politiques qu'il ne regrettera pas d'avoir adoptées, le jour où demain arrivera » note la BRI dans son rapport, publié ce jour. Il décrit le profond réalignement économique qui se produit actuellement, tandis que les cycles financiers arrivent à maturité, que les prix des produits de base chutent, que le dollar s'apprécie et que la liquidité mondiale commence à se resserrer.

Dans sa principale publication économique, la BRI affirme que les taux de croissance ne sont pas éloignés de leurs moyennes historiques. Elle met toutefois en évidence un contexte présentant un triple risque : croissance de la productivité anormalement faible, dette mondiale historiquement élevée et marge de manœuvre de plus en plus réduite pour l'action des pouvoirs publics. Ces menaces fragilisent l'économie mondiale, la laissant très exposée, en particulier aux chocs et aux risques politiques.

Le rééquilibrage des politiques publiques qui est recommandé devrait s'inscrire dans un cadre d'action à long terme visant plus activement à prévenir le coûteux enchaînement de cycles d'expansion-contraction financière, estime la BRI. Les politiques prudentielles, budgétaires et structurelles doivent œuvrer dans le sens de la politique monétaire, avec une claire délimitation des responsabilités.

La fiscalité et les subventions pourraient être ajustées de façon à éliminer le biais en faveur de l'endettement, notamment les avantages fiscaux dont bénéficie la dette par rapport aux capitaux propres. La qualité des dépenses publiques pourrait être améliorée si l'investissement était davantage privilégié. Ce faisant, il sera essentiel de s'en tenir à une estimation prudente de la marge de manœuvre budgétaire et de veiller à la bonne santé des finances publiques.

Des banques plus sûres et plus solides contribueront également à accroître la résilience de l'économie : des banques mieux capitalisées prêtent davantage et lorsque les teneurs de marché sont plus solides, la liquidité de marché est plus robuste.

Sur l'année écoulée, les taux d'intérêt, corrigés de l'inflation, en vigueur dans les grandes économies se sont enfoncés encore plus loin en territoire négatif, et le volume d'obligations souveraines se négociant à des rendements négatifs a atteint de nouveaux records. Face à la persistance de taux d'intérêt exceptionnellement faibles, on peut s'interroger quant à leur incidence sur la rentabilité et la résilience des établissements financiers, sur la viabilité des prix des actifs et sur l'économie en général.

Les auteurs du Rapport analysent les préoccupations que suscitent l'influence décroissante de la politique monétaire sur l'économie des pays et le rôle croissant de certains canaux de transmission externes, comme les taux de change. Ils passent en revue les avantages d'une politique monétaire axée sur la stabilité financière et concluent que c'est lorsque les responsables de la politique monétaire prennent en compte la stabilité financière sur l'ensemble du cycle financier, tant dans ses phases d'expansion que de contraction, qu'une politique contracyclique est la plus efficace.

Par ailleurs, le Rapport annuel présente les conclusions d'autres recherches menées cette année, portant notamment sur les anomalies des marchés financiers ; sur l'importance de la prise de risques financiers dans l'atténuation des effets que produisent habituellement les fluctuations de change sur une économie ; sur le rôle des chaînes de valeur internationales dans la mondialisation de la dynamique de l'inflation ; et sur le traitement de la dette souveraine dans le bilan des banques.

S'agissant des résultats financiers de la BRI, qui figurent dans son Rapport annuel, le total du bilan s'est établi à 231,4 milliards de DTS (326,1 milliards d'USD) à fin mars 2016, et le bénéfice net, à 412,9 millions de DTS (581,9 millions d'USD).

Les personnes intéressées peuvent s'inscrire au système d'alerte de la BRI pour être prévenues de la publication de nouveaux documents en français sur le site web de la BRI : www.bis.org/emailalerts.htm.