Enjeux pour les économies émergentes
Durant la période analysée, la croissance a été étonnamment soutenue dans toutes les grandes régions émergentes, avec un meilleur équilibre entre demande extérieure et demande intérieure. Cette vive expansion a fortement sollicité nombre de ressources naturelles cruciales telles que le pétrole ; le renchérissement des produits de base n'a cependant pas provoqué de poussée d'inflation. Les taux d'intérêt sont restés bas, en Asie comme ailleurs.
Les économies émergentes sont-elles devenues plus résistantes aux chocs ? Plusieurs éléments l'indiquent. Premièrement, la demande intérieure est moins tributaire de la demande extérieure. Deuxièmement, la situation des finances publiques s'est redressée, favorisée dans certains cas par des réformes législatives et le développement d'un marché obligataire local. Troisièmement, l'inflation s'est stabilisée, notamment grâce à la plus grande crédibilité de la politique monétaire ; en outre, certains pays sont moins attachés à un objectif de change explicite. Quatrièmement, bien des économies émergentes affichent désormais d'importants excédents courants. Cinquièmement, les résultats du secteur bancaire se sont améliorés.
Des facteurs conjoncturels favorables sont certes intervenus, et un ralentissement mondial pourrait compromettre les acquis récents. À l'inverse, une poursuite de la croissance serait de nature à aviver ici et là les anticipations d'inflation. La part du court terme dans la dette de certains pays demeure élevée, créant une vulnérabilité aux variations de taux d'intérêt ; toutefois, les risques résultant de chocs extérieurs sont considérablement atténués par les niveaux confortables des réserves officielles de change. Enfin, le secteur bancaire reste exposé à divers risques et, parfois, le cadre réglementaire doit être encore amélioré.