Instabilité des flux internationaux de capitaux et crises financières

Article by André Icard published in 'Rapport Moral sur l'Argent dans le Monde 1999', Association d'Economie Financière, Paris, December 1999

BIS speech  | 
01 December 1999
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Les crises financières qui, depuis cinq années, ont touché nombre de pays émergents, souvent considérés auparavant comme porteurs d'un brillant avenir, ont mis à jour dans les économies concernées des faiblesses jusque-là mal appréhendées ou, en tous cas, mal évaluées : parités de change maintenues au-delà du raisonnable, déficits extérieurs ou budgétaires trop tardivement combattus, faiblesses structurelles touchant en particulier le système financier local, manque de clarté sur l'ampleur du soutien que les autorités étaient prêtes ou capables d'apporter à celui-ci, endettement extérieur comportant une trop grande proportion d'échéances à court terme.

Mais elles ont fait ressortir aussi des dysfonctionnements du marché mondial de capitaux, liés à une volatilité excessive des flux de financement vers les pays émergents ; on a ainsi assisté, au gré des circonstances, à des phases d'euphorie exagérée, alternant avec des périodes de repli frileux, caractéristique de ce qu'il est convenu d'appeler un comportement grégaire des acteurs du marché. Cette volatilité des flux de capitaux a eu des conséquences coûteuses pour les pays débiteurs, mais aussi pour les systèmes financiers des pays créanciers. S'accompagnant bien souvent d'une insuffisante différenciation des jugements portés sur les pays d'une même zone ou sur des économies présentant certaines similitudes, elle a pu également conduire à des effets de contagion.

La volatilité des flux transfrontières de capitaux a joué un rôle certes non exclusif mais déterminant dans le déclenchement et le déroulement des crises financières au Mexique (1995), en Asie (1997), en Russie et au Brésil (1998); elle constitue un phénomène complexe, qui se nourrit d'une bonne part des faiblesses diverses constatées du côté des prêteurs comme des emprunteurs. Les premiers ont pu invoquer des défauts ou des lacunes dans l'information disponible, mais ils échappent difficilement au reproche d'une piètre gestion de leurs risques. Faute de politiques macroéconomiques adaptées et de structures financières suffisamment solides et contrôlées, les seconds ont rarement fait un usage optimum des fonds que la communauté financière internationale leur a libéralement prêtés.

L'excès de financement durant les phases de haute conjoncture suivi, une fois la crise déclenchée, d'une baisse des encours de crédit d'autant plus forte que la phase précédente avait été exubérante a provoqué, chez les pays emprunteurs, une accentuation du cycle économique et une aggravation de la phase d'ajustement. Nous décrirons ces phénomènes dans la première partie de notre étude, avant d'examiner les voies qui sont ouvertes pour mieux adapter les flux de capitaux aux besoins des pays émergents.

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