Montée des pressions inflationnistes sous l'effet du renchérissement des produits de base

BIS Quarterly Review  | 
14 mars 2011

De fin août à début décembre, deux thèmes d'actualité ont dominé sur les marchés financiers mondiaux. Jusqu'à début novembre, le sentiment que la reprise économique s'opérait lentement dans les grandes économies avancées a contribué à conforter les investisseurs dans l'idée que les banques centrales adopteraient de nouvelles mesures accommodantes. À partir de début novembre, les préoccupations suscitées par le risque souverain dans plusieurs des pays de la zone euro ont resurgi et mobilisé l'attention.Les grandes économies avancées ont enregistré une progression des cours des actions et une baisse des primes de risque entre début décembre 2010 et la dernière semaine de février 2011. Les investisseurs ont intégré dans leur stratégie un renforcement de l'activité économique et une probabilité croissante que la reprise ait enfin atteint un rythme autonome dans ces économies. Les rendements des obligations d'État ont sensiblement augmenté, eux aussi, les marchés anticipant à la fois un accroissement des rendements réels, dans la perspective d'un resserrement monétaire, et une montée de l'inflation. Dans la dernière semaine de février, cependant, le sentiment s'est nettement dégradé en raison de préoccupations grandissantes concernant les répercussions des troubles politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

La hausse des anticipations d'inflation, à court terme surtout, tenait non seulement à l'amélioration des perspectives de croissance, mais aussi à la vive appréciation des produits de base - et notamment des denrées agricoles et alimentaires. Investisseurs et autorités ont, dès lors, redouté l'effet inflationniste d'un renchérissement mondial des produits de base ainsi que l'apparition d'éventuels effets de second tour. L'envolée des prix pétroliers, suite à l'intensification des tensions politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, a ajouté à ces préoccupations.

Dans plusieurs économies émergentes, les craintes d'un resserrement monétaire en réponse à une montée de l'inflation ont commencé à orienter les marchés d'actions et d'obligations. En outre, devant l'évolution des perspectives mondiales, les investisseurs ont procédé à un rééquilibrage géographique de leurs portefeuilles, qui s'est traduit par des sorties de fonds des marchés d'actions d'Asie et d'Amérique latine, au profit de ceux des économies développées.